Le Festival

Chers amis, cher public,

Comme vous le savez, le NTP avait un rendez-vous décisif pour son avenir ce lundi 13 mai. Grâce à vous et à votre soutien généreux, le rêve peut encore devenir réalité. Merci à tous !

Compte tenu du succès de ce premier mois de souscription, nous sommes en train d’élaborer un plan de financement viable pour l’avenir du Nouveau Théâtre Populaire.

Il faut continuer ! Nous ne devons rien laisser au hasard et poursuivre ce formidable effort collectif, afin de trouver les fonds nécessaires !

Les chaleureux encouragements que nous avons reçus de votre part, vos messages de sympathie, et les questions témoignant de votre intérêt pour notre projet, nous donnent tout le courage et l’énergie nécessaires pour fonder le théâtre populaire dont nous rêvons ensemble.

Avec tout notre espoir et notre gratitude,

La troupe du Nouveau Théâtre Populaire : Léo , Lazare, Emilien, Clovis, Pauline, Sophie, Julien, Valentin, Antoine, Lola, Sacha, Frédéric, Morgane, Joseph, Julien, Claire, Elsa et Baptiste.

les mille et une nuits

Poème

Le 17 août : Ali Baba et les Quarante Voleurs
Le 19 août : Sindbad le Marin
Le 21 août : Hassan le Cordier
Le 23 août : L’histoire du Vase d’olives

Lectures du matin organisées par tous les membres de la troupe.

ruy blas / hugo

14, 17, 20, et 23 août 2013 à 20h30

DURÉE 2h05 MISE EN SCÈNE Sacha Todorov ASSISTANAT A LA MISE EN SCÈNE Julien Romelard RÉGIE Julien Campani DISTRIBUTION Valentin Boraud : un alguazil, un huissier, Camporeal, une duègne Baptiste Chabauty : Santa-Cruz, Montazgo, un muet, un alguazil Emilien Diard-Detœuf : Don Salluste. Clovis Fouin : del Basto, duchesse d’Albuquerque, don Arias, un serviteur Joseph Fourez : Ruy Blas Elsa Grzeszczak : une lavandière, Covadenga, un alcade Sophie Guibard : d’Albe, Casilda, Priego, un page, un alguazil Lazare Herson-Macarel : Don César de Bazan Morgane Nairaud : Doña Maria Antoine Philippot: Gudiel, Guritan, Ubilla ​Un Grand d’Espagne veut déshonorer la reine en la faisant tomber amoureuse de son valet : dans ce but, il offre à celui-ci l’identité d’un noble, et le transforme en ministre. Il sait que ce laquais est amoureux de la reine ; mais il ne sait pas quel ministre il vient de créer… ​Une analyse politique impitoyable. Un plongeon vertigineux dans les gouffres de l’identité. Et Hugo donne à entendre ici ses plus beaux vers d’amour.
© Thierry Cantalupo

PELLEAS ET MELISANDE / Maeterlinck

13, 16, 19, 22 et 25 août 2013 à 20h30

DURÉE 1h40 MISE EN SCÈNE Clovis Fouin DISTRIBUTION Pauline Bolcatto : Geneviève Julien Campani : Golaud Baptiste Chabauty : Docteur Louis Delaunay : Yniold Antoine Philippot : Arkël Julien Romelard : Pelléas Claire Sermonne : Mélisande Le vieux souverain Arkël destine à Golaud, l’aîné de ses petits-fils, une princesse d’un royaume voisin. Mais Golaud, au cours d’une partie de chasse, découvre Mélisande : une jeune femme abandonnée, dénudée et envoûtante. Il s’éprend d’elle, la ramène au château et l’épouse ; cependant, son frère cadet Pelléas tombe lui aussi éperdument amoureux de la jeune étrangère. Pelléas et Mélisande est une légende atemporelle, à la fois conte pour enfants et drame cruel. Il est ici question de l’amour, cet amour violent qui déracine, brutalise et ne s’apaise qu’avec la mort ; mais c’est bien cet amour-là qui nous fait parler aux étoiles.
crédit photo : Florence Fouin-Jonas

OTHELLO / Shakespeare

2, 3, 15, 17, 18, 24 et 25 août à 16h

MISE EN SCÈNE Frédéric Jessua

DISTRIBUTION
Elsa Grzeszczak : Emilia
Lazare Herson-Macarel : Othello
Claire Sermonne : Desdémone
Valentin Boraud : Lago

Le spectacle se jouera « hors les murs » : Mazé, Baugé, Charcé Saint Ellier, Saint Rémy la Varenne, Brion et Beaufort en Vallée !


Durée : 1h00

Othello, le Maure, vient de vaincre les turcs pour le compte du Doge de Venise. Il se rend maintenant à Chypre pour prendre ses nouvelles fonctions de gouverneur et retrouver Desdemone qu’il vient d’épouser. Iago, fidèle second d’Othello, rongé par la déception de ne pas avoir été promu officier, décide de détruire le couple…
Une œuvre tragique, mature, intime, sur les apparences et l’honnêteté, ou, ce qui revient au même chez Shakespeare, sur les tréfonds et la méchanceté.

Othello-page

Othello, pièce inspirée d’une nouvelle italienne du début du XVIème siècle, est probablement jouée pour la première fois en 1604 un peu après Hamlet et juste avant Le Roi Lear. Cette version courte interprétée par 5 acteurs du NTP sera conçue pour investir les lieux atypiques qui nous accueillent cette année dans toute la région de Fontaine-Guérin.

La guerre contre les turcs est gagnée, Othello vient de se marier à Desdemone, tout peut commencer…

Vent, noirceur, chaleur, humour, encens et flammes…

LE CERCLE DE CRAIE CAUCASIEN / Brecht

13, 16, 19 et 22 août 2013 à 20h30

DURÉE 1h40 L’Arche est l’agent théâtral de Bertolt Brecht TRADUCTION Georges Proser MISE EN SCÈNE ET SCÉNOGRAPHIE Emilien Diard-Detœuf COLLABORATION ARTISTIQUE Antoine Philippot COMPOSITION ET RÉPÉTITIONS MUSICALES Antoine Philippotet Sacha Todorov DISTRIBUTION Pauline Bolcatto : Le Brigadier, La femme de chambre, une invitée de l’enterrement, Ludovica Valentin Boraud : L’aide de camp, un musicien, le deuxième homme, Youssoup, un homme d’armes Baptiste Chabauty : Un mendiant, Simon Chachava, un musicien, le premier homme, le fugitif (le Grand Duc) Augustin et Jules Delaunay : Michel Abaschvili, le grand garçon (Augustin) Emilien Diard-Detœuf : Un vieil homme Joseph Fourez : Un homme d’armes, la cuisinière, Laurenti, un autre homme d’armes Elsa Grzeszczak : Le prince obèse Kazbeki (frère du Gouverneur), une voyageuse, une paysanne, Aniko (la belle-sœur), une invitée de l’enterrement, un homme d’armes Sophie Guibard : Groucha Vachnadzé, la mère Géorgie Lazare Herson-Macarel : Un mendiant, la gouvernante, l’hôtelier, un invité de l’enterrement, Bizergan Kazbeki (neveu du Prince obèse), un homme d’armes, le deuxième avocat Frédéric Jessua : Un mendiant, le laitier, Azdak Morgane Nairaud : Natella Abaschvili (la femme du Gouverneur), une voyageuse, une marchande, la belle-mère Antoine Philippot : Le Chanteur Julien Romelard : Un mendiant, le valet d’écurie, Tête de Bois, un invité de l’enterrement, Chauva Sacha Todorov: Le Gouverneur Abaschvili, un musicien, le moine, le premier avocat   Le monde a changé, les inquiétudes demeurent. L’époque de Brecht a rêvé un communisme que notre époque a enterré. Mais l’amour de l’autre est encore aux prises avec l’individualisme. L’égoïsme côtoie toujours la bonté. La sollicitude marche toujours dans les pas de la cruauté. Le Cercle de craie caucasien est l’expérience d’une femme traversant un pays où partout elle est une étrangère ; la pièce raconte sa lutte pour survivre à la chasse lancée contre elle et l’accueil que lui réservent ceux qu’elle rencontrent. Chacun sur sa route a son intérêt à défendre, légitime et sensé, impossible à laisser tomber. « Où sont les vrais gens ? ». Ils existent, mais en petit nombre. Azdak, Simon…La résistance est l’étoile poursuivie par tous et servie par quelques-uns, irréductibles. « Comment fait-on du Brecht ? » est une mauvaise question. Il faut se demander « que dit-on avec du Brecht ? ». Lui qui recyclait les antiques pour les rendre moins éternels et un peu plus actuels, faudrait-il maintenant le célébrer dans des mises en scène solennelles ? Ne nous a-t-il pas appris à nous emparer de ce que le passé nous a transmis ? N’est-ce pas en leur offrant une vie nouvelle plutôt qu’une vie au musée que les monuments perdurent ? Voilà notre charge, à nous jeunes artistes dramatiques, la seule qui vaille : ne faire avec Brecht que du théâtre. Tout comme nous le faisons avec Shakespeare, Feydeau, Hugo, Molière, etc. Y mettre la vie telle que notre époque nous la fait vivre. Concilier l’impératif de respecter l’œuvre du maître et l’exigence urgente de parler de notre époque, tel est notre sacerdoce. Notre recherche parfois douloureuse d’équilibre, notre insatisfaction joyeuse, notre paradoxe permanent. Je voudrais parler de notre quête utopique, née d’une lassitude. Je voudrais parler d’une génération, la mienne, qui se défie de la politique mais qui ne rêve que d’engagement ; je voudrais parler de notre attention toujours plus scrupuleuse à la marche générale du monde et de l’inconsolable nécessité de nous en extraire. Je voudrais parler de nos contradictions. Emilien Diard-Detœuf

Je me métamorphose / Ovide

16, 18, 20, 22 et 24 août 2013 à 11h

DURÉE 55mn MISE EN SCÈNE Pauline Bolcatto DISTRIBUTION Julien Campani : les prétendants d’Atalante, Hyménée (dieu du mariage), le roi Midas Joseph Fourez : Vénus (déesse de l’amour), Orphée, Dionysos (dieu de la vigne et du théâtre), Tmolus (montagne) Sophie Guibard : Atalante, Pluton (dieu des enfers), Pan (divinité de la Nature) Claire Sermonne : Oracle, Hippomène, Eurydice, Silène (satyre, père adoptif et précepteur de Dionysos), le Valet préféré du roi Midas, Apollon (dieu de la musique et de la poésie) ​Les amours d’Eurydice et Orphée, le poète qui fait marcher les arbres et parler les animaux… La course d’Atalante, la fille la plus rapide du monde… Les oreilles d’âne du roi Midas, qui change tout ce qu’il touche en or… ​Source de nos cultures, échos de tous les temps et de tous les âges, Les Métamorphoses du poète latin Ovide raconte l’histoire du monde à travers celles de personnages légendaires confrontés à l’intervention magique des dieux. Femmes, hommes, éléments et choses sont transformés en animal, en monstre, en montagne, en or ou en souvenir !… Et se métamorphoser, n’est-ce pas ce que nous appelons tous « grandir », quand nous découvrons, pas à pas, les multiples et surprenantes facettes de notre identité ? Nous avons choisi le théâtre – notre moyen de transport favori – pour aller réveiller trois de ces histoires merveilleuses… Petits et grands, vous êtes les bienvenus à bord !

Pour que vive le Nouveau Théâtre Populaire !

Par Armelle Héliot le 9 mai 2013 13h49 | Réagir

Créé par Lazare Herson-Macarel et ses amis, ce jeune festival en est à sa 5ème édition. En quelques étés, il a su trouver le coeur du public. Mais un événement imprévu compromet la suite de l’aventure. Vous pouvez aider ces jeunes artistes ! Exposé rapide des faits !

 

Alerte ! Alerte ! Le Festival Nouveau Théâtre Populaire risque de perdre son lieu de naissance !
Et, dans cette manifestation, l’esprit du lieu est très important.
Nous vous avions raconté les débuts de l’aventure (voir ce blog).

Lazare Herson-Macarel, actuellement en congé du conservatoire (qu’il réintègrera à la rentrée pour retrouver sa chère professeur Nada Strancar) parce qu’il joue dans Les Liaisons dangereuses, mise en scène de John Malkovich  a un jour investi le jardin de la maison de sa grand-mère…

Et le Nouveau Théâtre Populaire est né : NTP, cela vous rappelle quelque chose ?

Ecrivain précoce, chef de troupe, comédien remarquable, fils d’Eric Herson-Macarel l’excellent interprète du Porteur d’histoire d’Alexis Michalik (avec d’autres comédiens et comédiennes), le jeune Lazare est une personnalité très forte.

Il sait construire. Il a construit.

Avec trois sous et la moitié d’un.

Et une troupe de 17 jeunes comédiens, lui compris.

Aujourd’hui, la troupe compte 17 personnes :  Léo Cohen-Paperman, Lazare Herson-Macarel, Clovis Fouin, Emilien Diard-Detoeuf, Pauline Bolcatto, Sophie Guibard, Julien Campani, Valentin Boraud, Antoine Philippot, Lola Lucas, Sacha Todorov, Frédéric Jessua, Morgane Nairaud, Joseph Fourez, Julien Romelard, Claire Sermonne, Elsa Grzeszczak et Baptiste Chabauty.  (c’est l’ordre que donne le site).

Photo DR

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Quatre étés durant, ils ont su grandir en présentant, à la Fontaine-Guérin, en Maine-et-Loire (49), des spectacles ambitieux, fédérateurs.

Les règles sont simples ici : on arrive texte su, on répète sur un rythme très soutenu, on joue !

On ne se paye pas. Et on paye beaucoup de sa personne. Ces artistes véridiques, bénévoles, ont le goût de la très belle ouvrage et la fougue de leur jeunesse. Mais ils sont d’abord responsables et ne sont pas ici pour accumuler des heures d’intermittence.

Le NTP, c’est une parenthèse enchantée qui a beaucoup d’avenir, beaucoup de « potentiel » comme on doit dire aux futurs financiers…

Tout se passe donc dans le jardin d’une maison et cette maison sert de coulisses, de lieu de répétition, d’accueil, etc…

C’est la maison de la grand-mère de Lazare. Or; malheureusement, cette grand-mère tant aimée et généreuse est décédée il y a quelques mois.

La maison est en indivision. Elle va être vendue.

Lazare et sa bande appellent donc au secours le public, le cher public qui a vu les spectacles et celui qui viendra un jour !

Ils espèrent racheter la maison et ainsi travailler à l’année à la Fontaine-Guérin.

C’est donc l’urgence : envoyer un peu d’argent à la troupe pour que, lorsque les entreprenants et très doués artistes rencontreront la notaire, ils puissent lui donner quelque assurance !

Pour ces jeunes qui ont une règle : les places sont à 5€ ce qui permet de venir en famille, de venir plusieurs fois, de voir l’ensemble des propositions, faites un effort !

Ils ont fêté la 100ème représentation et le 10.000ème spectateur !

Le succès est là.

Le succès est là aussi pour le début de cette aventure de mécénat.

Cet été, ils jouent : Ruy Blas de Victor Hugo, Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck, Le Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht, Othello, le Maure de Venise de William Shakespeare. Et ce n’est pas tout ! A l’affiche également : Je me métamorphose d’après Ovide et Les Mille et une nuits.

A voir entre le 12 et le 25 août inclus.

Ils ne sont pas seuls. Les collectivités territoriales les aident : la Communauté de Communes de Beaufort en Anjou et Anjou Théâtre – EPCC du Conseil général du Maine-et-Loire.
Et la commune de Fontaine-Guérin elle-même.

Toutes les procédures pour les soutenir sont sur le site.

Tous renseignements au http://festivalntp.com

Il y a aussi un compte Facebook

Et cette autre adresse http://festivalntp.com/venir-aux-ntp/

Adresse postale : Plateau Jean-Vilar, 8 rue Célestine Garnier, 49250 Fontaine-Guérin.

Le lien pour accéder à la page web d’origine : http://toutelaculture.com/spectacles/theatre/interview-lazare-herson-macarel-le-ntp-defend-un-ideal-de-solidarite-de-partage-et-de-democratisation-culturelle/

[ Interview ] Lazare Herson-Macarel : « Le NTP défend un idéal de solidarité, de partage et de démocratisation culturelle »

1 juillet 2013 Par Lucie Droga

Il y a quelques jours, on vous parlait de la troupe du Nouveau Théâtre Populaire, qui, depuis 2009, organise son festival dans le lieu enchanteur de Fontaine-Guérin : 14 comédiens, 11 jours de représentations dans une ambiance chaleureuse et magique. A l’occasion de cette cinquième édition, nous avons rencontré le comédien Lazare Herson-Macarel autour d’un café, à l’heure où le festival est menacé…

En guise d’introduction, peux-tu présenter le Nouveau Théâtre Populaire ?

En quelques mots, le festival du Nouveau Théâtre Populaire est un festival de théâtre créé en 2009 par une troupe de jeunes acteurs et qui a lieu depuis tous les étés. Le principe du NTP est simple : on souhaitait revenir à l’essentiel, avec un plateau en bois, un jardin à la campagne, des acteurs engagés et des grands poèmes dramatiques. Depuis la première édition, nous avons monté 18 grands spectacles classiques. C’est un festival qui défend un idéal à la fois de solidarité, de partage et de démocratisation culturelle, et qui s’est donné comme principe de pratiquer un tarif unique de 5 euros la place pour tous les spectateurs.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de monter le NTP ?

Il y a ce qu’on veut faire et ce qu’on peut faire : on savait qu’on voulait s’attaquer à de grands textes, faire nos armes et on s’est vite rendu compte que Fontaine-Guérin était le lieu idéal, encore plus dans le contexte actuel, où, si l’on met de côté quelques exceptions, pour nous autres jeunes compagnies de théâtre, les portes sont globalement closes. Alors, plutôt que d’attendre dehors devant la porte, on s’est dit qu’on allait créer notre lieu et très vite, on s’est aperçu que c’était possible. La deuxième chose, c’était cette idée de décentralisation : pour la troupe, on avait en tête que l’on fait réellement du théâtre quand on va jouer devant un public qui n’en a pas forcément l’habitude. C’est la rencontre avec le public qui nous a motivé : j’ai en mémoire une citation de Gabriel Garcia Marquez qui explique qu’un grand spectacle doit plaire au plus vieil intellectuel, à un enfant de six ans, à un sourd et un aveugle. Je pense qu’on partage cette idée là avec la troupe, et c’est pour cette raison qu’on s’est retrouvé ensemble au festival.

Justement pourquoi ce lieu, situé à Fontaine-Guérin ?

On voulait faire du théâtre à un endroit inattendu et il se trouve que depuis tout petit, je vais dans cette maison qui appartenait à ma grand-mère. C’est rapidement devenu le lieu idéal pour la construction de notre théâtre, à la fois calme et évocateur qui pouvait faire de nos représentations un moment magique : quand on se trouve au bord du plateau, on est cerné par quatre éléments ; la forêt, le cimetière, le clocher de l’église et le coucher de soleil. En fait, c’est le lieu parfait pour notre théâtre et c’est pour cela qu’après cinq ans de travaux et de succès relatif, on veut le défendre : la troupe comme les spectateurs s’y sont attaché et on veut qu’il pérenne, qu’il survive.

Le Nouveau Théâtre Populaire fait clairement référence au Théâtre National Populaire de Jean Vilar, mais pourquoi changer le « national » en « nouveau » ?

Précisément parce qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas national (rires) ! La responsabilité de la nation, en tant que structure, est à peu près égale à zéro pour l’instant. Le NTP c’est donc à la fois un hommage à la démarche de Jean Vilar et une critique implicite de cet univers où nous sommes obligés, pour le meilleur et pour le pire, d’inventer de nouveaux modes de productions. C’est ce qui est en train de se passer en ce moment : les acteurs et les spectateurs font alliance pour faire exister un théâtre à l’heure où il est difficile d’obtenir un soutien public, essentiellement à cause de la crise économique. Il y a peu, je suis allé à Fontaine-Guérin pour un rendez-vous avec les pouvoirs publics qu’on tente de mobilier. Comme à chaque fois, j’ai fait le tour du plateau en bois : il y avait une fleur qui avait poussé entre deux planches de bois. Cette image, que nous diffusons largement depuis, représente bien pourquoi on s’appelle « nouveau » car elle montre que même dans un contexte difficile où l’on tente de nous faire croire que rien n’est possible, avec beaucoup de travail et de volonté, on arrive malgré tout à fonder quelque chose. C’est la raison pour laquelle on ne veut pas abandonner cette aventure en si bon chemin.

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Tout à l’heure tu parlais de démocratisation : comment cette idée se concrétise dans la pratique ?

Il y a plusieurs choses : d’abord, le chiffre symbolique, ce fameux tarif à 5 euros qui permet à des gens de venir voir trois fois nos spectacles, ce qui serait impossible avec un tarif plus élevé. A ma connaissance, c’est même le seul endroit où on peut assister à des représentations qui mettent en scène 14 acteurs professionnels en ayant payé 5 euros. C’est ce qui permet aux spectateurs de venir au théâtre en famille pour 25 euros ou, pour d’autres, de faire cette démarche d’aller au théâtre, alors qu’ils n’en ont pas forcément l’habitude. L’autre choix qu’on fait et qui est pour nous intimement lié à l’idée de démocratisation culturelle, c’est celui de « l’excellence » :  une partie de la troupe est constituée d’acteurs professionnels (ndlr : tous les acteurs sont issus du Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, des cours Florent ou du Théâtre National de Strasbourg ) qui partagent un idéal commun, celui de la pratique, de leur engagement sur le plateau et de la philosophie du NTP. Il y a aussi le choix du répertoire : on choisit des  œuvres qui ont toutes en commun de mettre en scène des visions de l’être humain ambitieuses, larges et qui sont donc susceptibles de parler à tout le monde. Ces trois choses-là, le tarif volontairement bas, l’engagement des acteurs et le choix d’un répertoire réputé difficile, mais tout simplement parce qu’il est génial, sont les éléments les plus importants de ce qui, pour nous, représente la démocratisation culturelle. C’est ce qu’on essaye de mettre en pratique avec ce festival.

Vous mettez aussi en scène des pièces pour le jeune public : est-ce parce que vous souhaitez les sensibiliser ou parce que vous considérez que les enfants ont peut-être un rapport plus direct avec le théâtre ?

Quand on dit qu’on veut faire du théâtre pour tout le monde, il faut commencer par les enfants. Plus profondément je crois que même si on est obligé de faire une différence entre spectacle « jeune public » et « tout public », la programmation jeune public est loin d’être un détail. Tous les spectacles qu’on monte sont faits dans cette idée qu’il faut que ça puisse plaire, parler, à un grand intellectuel comme à un enfant de six ans. Je pense qu’on apprend autant notre métier en faisant du spectacle jeune public qu’en faisant les grands spectacles du soir. Il y a une sorte de continuité entre les deux : pour l’anecdote, nous avons reçu le message d’une spectatrice qui nous disait avoir tellement aimé les spectacles du soir, qu’elle et son mari, tous les deux retraités, étaient venus à 11 h du matin pour assister aux spectacles pour enfants et qu’ils s’étaient régalés. J’aime assez l’idée que les enfants puissent voir des spectacles tout public et que leurs parents assistent aux spectacles jeunes public. Avec la troupe, on travaille l’engagement de l’acteur qui rend évident le rapport au spectacle. Nous sommes loin de cette idée de calibrer les spectacles et plus encore, on rejette le mot « cible » qui accourt dans l’institution théâtrale aujourd’hui.

Pour avoir vu Une histoire de paradis l’année dernière, c’est vrai que le public était composé aussi bien d’enfants que de parents !

C’est drôle, ce spectacle particulièrement est une réussite car les enfants riaient et les parents pleuraient… Ce qui nous anime, dans les spectacles dits pour enfants, c’est le fait de s’adresser à l’adulte qui est en chacun d’eux, de leur parler de ce qu’on ne leur parle pas d’habitude et d’aborder les grands sujets. Pour ça, le NTP est l’endroit rêvé pour développer des visions ambitieuses, pas moins le matin que le soir.

Le public vous est-il fidèle, et d’où vient-il ?

Plus que fidèle, il est en expansion : pour la toute première édition, 700 spectateurs sont venus et pour la quatrième, celle de l’année dernière, nous en avons reçu 3 700. Si le public est en constante augmentation c’est notamment parce que l’aventure du NTP est suffisamment insolite et défendue pour que le bouche à oreille fonctionne, au-delà du premier cercle public. Au départ, notre public venait d’un rayon d’une dizaine de kilomètres : l’année dernière, on a vu des spectateurs qui, sans nous connaître, arrivaient de Paris pour assister à la représentation de Ruy Blas. Depuis l’affaire de la souscription, beaucoup de gens ont entendu parler du NTP : aujourd’hui on peut dire que c’est une aventure à la croisée de la petite et de la grande histoire. Pour nous, l’histoire intime née dans un jardin dans un petit village, est en même temps, une aventure qui voudrait être l’invention d’un nouveau mode d’existence pour les jeunes artistes.

Pour cette nouvelle édition, vous avez choisi des textes un peu « osés », que peu de gens connaissent et qui peuvent même sembler difficiles…

On ne sait pas vraiment ce que sont des textes faciles ou difficiles… La première année, quand on a monté Roméo et Juliette et Le Misanthrope, certains spectateurs nous ont dit que c’était loin d’être des textes faciles. Nous, on aime bien répondre qu’un chef d’œuvre, c’est toujours facile ! Les grands poètes ne sont pas des obstacles, mais bien des alliés. Cette année, nous avons choisi de mettre en scène Le Cercle de craie caucasien de Brecht et Pelléas et Mélisande de Maeterlinck, des créations proches de nous dans le temps et qui ont donc moins été agréées comme étant de grands classiques. Ce sont mêmes des pièces suffisamment récentes pour être résolument modernes et générer des polémiques. Mais c’est peut-être une évolution importante de notre mission : après quatre années avec un public fidèle et de plus en plus nombreux, nous avons considéré qu’on pouvait faire découvrir des œuvres que les gens connaissent moins largement. Simplement parce que ces auteurs sont des poètes qui ont besoin d’être plus défendus que Shakespeare ou Hugo. Il s’agit d’un pari, voir si le public est suffisamment fidèle pour nous suivre à la découverte de ces auteurs : comme le dit St Juste dans La Mort de Danton « Osez ! Danton ne nous aura pas appris ce mot pour rien ! ». Notre travail consiste donc à renouveler toujours l’audace et à lutter contre les idées reçues selon lesquelles le public a besoin de pièces « faciles ». Et on ne peut lutter contre cette idée qu’avec l’aide des spectateurs : nous sommes satisfaits quand ils se sentent touchés parce qu’on les a honoré par la complexité d’un texte de Shakespeare… Qui n’est pas une difficulté, mais simplement du génie !

C’est donc un peu une mise en danger, et pour la troupe et pour le public …

Oui,  il y a une sorte de pari, mais qui est censé être le garant de notre vitalité. C’est une manière de repousser les limites de ce qu’on a pu faire jusque-là. Pour aller à la rencontre du public, nous avons monté des pièces importantes, tellement importantes qu’elles sont unanimement reconnues. Aujourd’hui, on s’attache à une chose passionnante : mettre en scène des œuvres issues du XX ème siècle et qui sont pour beaucoup encore, à découvrir.

Où en est cette affaire de souscription ?

Le résumé de Toutelaculture explique très bien la situation paradoxale dans laquelle nous sommes aujourd’hui, à la fois en pleine expansion et menacés de disparition. Ce festival n’aura jamais pu voir le jour sans l’accord de ma grand-mère, Marie-Claude Herson-Macarel ; suite à son décès en octobre dernier, ses quatre enfants doivent revendre la maison à Fontaine-Guérin. Or, cette maison a toujours accueilli le festival et est devenue+, au fil des ans, notre théâtre idéal. Pour ne pas renoncer à cette aventure, nous souhaitons nous porter acquéreurs de la maison pour que le NTP devienne propriétaire et qu’il puisse développer une activité à l’année, rendre permanent ce lien très fort qui s’est tissé entre la troupe et le public. C’est pourquoi nous avons lancé une grande souscription en avril dernier avec l’objectif de trouver un apport initial de 50 000 euros à la fin du festival. Cette année, l’édition aura lieu entre le 12 et le 25 mais avant le 25, nous ne saurons pas si nous sommes en mesure d’acheter la maison et donc, de sauver le festival. Une fois de plus, c’est une expérience ou le public répond présent, ce qui nous donne une foi en notre travail, en sa nécessité et son exception. Quand le pouvoir public fait défaut, c’est magique de voir autant de gens se mobiliser pour permettre au NTP d’exister… On garde espoir grâce à toutes les personnes qui croient en ce genre d’aventure !