Le Festival

NTP

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Le Nouveau Théâtre Populaire

Publié le 16 mai 2013 | par Pascal Adam 0

A la marge d’un paysage théâtral français aussi assis que sinistré, cultivant avec une complaisance macabre scepticisme et morosité, cherchant à étendre à tout le réseau national décentralisé un parisianisme imbécile, puissante petite chapelle inféodée à l’idéologie libérale-libertaire violemment mise en avant par un Ministère de la Culture et des médias éprouvant des difficultés à franchir le périph’ et luttant à toute force contre ce qu’il demeure d’un universalisme français ; à la marge, disais-je donc, de cette gabegie déprimante prompte à faire fuir tout ce qui n’est pas soumis déjà à l’idéologie en question ou réquisitionné par l’Education nationale, s’est discrètement développé, ces cinq dernières années, le Festival NTP – Nouveau Théâtre Populaire. Cette entreprise à la fois « humble et mégalo », née de l’initiative d’une quinzaine de jeunes comédiens, pour l’essentiel pourtant formés dans les cadres institutionnels existants, s’installe chaque mois d’août dans un bled inconnu de 800 habitants du Maine-et-Loire, Fontaine-Guérin, et propose en plein air une vingtaine de représentations en douze jours. Essentiellement des grands textes. Avec un succès croissant. C’est au moment où la troupe est confrontée à la nécessité d’acquérir la maison où elle se produit, et où elle fait appel à la générosité du public, que j’ai rencontré Léo Cohen-Paperman, un des membres du NTP.  

PA. La simple liste des auteurs montés en quatre festivals par le NTP, à Fontaine-Guérin, laisse rêveur… Hugo, Corneille, Shakespeare, Feydeau, Büchner, Molière… et pour cet été Brecht, Maeterlinck, Ovide. L’acte fondateur, construire de ses mains un plateau de théâtre pour amener les grandes œuvres du théâtre où il n’est pas, est à la fois très symbolique et très concret. Les références au Théâtre du Peuple de Bussang ou à Copeau, toutes proportions gardées, comme le détournement du logo du Théâtre National Populaire, paraissent immédiatement justes. En même temps, on se dit que, presque cent ans après l’appel du Vieux-Colombier de Copeau et après des décennies de décentralisation théâtrale (mais décentralisera-t-on jamais autre chose que le centre, le centre toujours recommencé ?), c’est comme si rien n’avait été fait vraiment, que la décentralisation avait foiré complètement jusqu’à devenir un discours parisien de moins en moins épatant, à moins que tout ne soit toujours à refaire, pour qu’un groupe de jeunes acteurs formés dans les écoles nationales de théâtre en vienne à aller installer un plateau artisanal dans une commune inconnue, à travailler bénévolement et à donner en douze jours plus de vingt représentations.

LCP. Il est difficile de répondre à ta question sur la réussite de la décentralisation théâtrale. Qu’est-elle devenue ? Comment peut-on juger de sa réussite ou de son échec ? Au nombre de spectateurs ? A l’accès aux salles pour le plus grand nombre ? Je répondrai en parlant du festival, qui se veut populaire (car la force du théâtre, c’est d’être populaire – sans être majoritaire).

La force du NTP tient, à mon sens, en ce que le festival n’est pas né dans un cadre institutionnel. Il est le fruit d’un mouvement collectif – ce qui est déjà une victoire sur le néant ! Nous avons inventé le NTP parce que notre horizon d’artiste, à Paris, était nul.  Egoïstement, le festival représentait d’abord pour nous la possibilité de faire nos armes en nous confrontant à de grands textes. Aujourd’hui, il est très difficile – quand on estime que son travail mérite un salaire – pour un jeune metteur en scène de monter au cours de la saison théâtrale une production avec plus de cinq acteurs au plateau. La conséquence immédiate de cette difficulté est l’impossibilité (ou la peur) de se confronter aux grandes œuvres du répertoire et de les montrer à un public. Le NTP a permis cela. De jeunes femmes et hommes de théâtre s’arrogent le droit de relire Corneille, Shakespeare, Molière… Sans rien demander à personne. C’est donc la naissance d’une génération.

Avec le temps, et la franche réussite qu’a rencontrée notre entreprise, je me suis beaucoup interrogé sur la signification de ce succès. Pourquoi les gens (et je ne parle pas des gens du métier, mais de l’ensemble du public, très hétérogène, qui vient nous voir chaque été) viennent-ils si nombreux et nous font-ils des retours si encourageants ? Dire que cela tient uniquement à notre talent serait faux et prétentieux. Les spectateurs nous parlent souvent du cadre idyllique, ce plateau de bois qu’on découvre caché dans un jardin – et autour le cimetière, la forêt et  l’église… Sans le formuler, je crois qu’ils apprécient d’abord la permanence de l’entreprise, son immuabilité, dans un certain sens. Les gens verront chaque année la même troupe traverser des œuvres aussi différentes que Corneille, Brecht, Maeterlinck, Shakespeare… Chaque année, cette troupe appartient un peu plus à son public.

Ce qui rend possible cette reconnaissance, je crois, tient d’abord dans le fait que nous ne cherchons pas le mouvement. Nous cherchons d’abord (et le reste vient, mais il vient ensuite) à faire du théâtre là où nous sommes. Sans le savoir (ce serait mentir car maintenant, nous le savons), nous luttons. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que tout doit être mouvement (je me permets là-dessus de renvoyer au livre de Jean-Claude Michéa, Les Mystères de la gauche), et que le théâtre n’échappe pas à la règle. Au XXIe siècle, on ne fait pas une pièce pour son public, ou pour un public. On fait une pièce pour qu’elle tourne. C’est fade, c’est triste. Au NTP, nous créons d’abord nos spectacles pour qu’ils puissent habiter un lieu bien précis. Nous donnons d’abord nos spectacles à notre public (j’entends par notre public : tous ceux qui viennent assister à nos représentations). Cela n’est pas démagogue, dans la mesure où nous ne cherchons pas forcément l’approbation. Nous travaillons avec lui à la construction d’une histoire commune. C’est peut-être en cela que le NTP ouvre une nouvelle page de la décentralisation, en résistant aux pratiques habituelles du théâtre public, qui veut mettre dans le  mouvement du marché chaque nouvelle production. Un théâtre, une troupe, un lieu.

D’une certaine manière, donc, nous sommes réactionnaires (puisque le progrès consisterait en l’application de la formule « toujours plus de mouvement, toujours plus de marché »). A Fontaine-Guérin, nous proposons un théâtre exigeant et populaire. Exigeant dans la mesure où chaque metteur en scène (dont le projet doit être au préalable accepté et voté par la troupe) propose une véritable lecture d’un texte. Il ne s’agit pas seulement de donner à entendre tous ces grands auteurs, mais d’en faire une expérience singulière. Populaire ensuite, dans la mesure où nous ne faisons « que » du théâtre. J’insiste là-dessus car il me semble que c’est ce qui a peut-être perdu une partie du mouvement de décentralisation. Le NTP est un festival de théâtre, parce que nous ne savons faire que ça ! Et le public retrouve dans cette simplicité, dans cette immuabilité une chaleur et une certitude qu’il ne trouvera pas dans un théâtre public, puisque celui-ci est et se veut reflet de toutes les modes (bonnes ou mauvaises, ce n’est pas à moi d’en juger), des toutes les tendances actuelles de l’art vivant, bref… De ce qui passe. Toujours l’idée libérale du mouvement. Nous, humbles et mégalos en même temps, proposons une idée plus ferme et plus durable du théâtre. Il n’y a pas de danse, pas de soirée à thèmes, pas de cocktails dansants. Il y a du théâtre. Et c’est bien !

PA. Je crois que tu réponds tout de même, au moins sur deux plans, à propos de la décentralisation. Que le théâtre public veuille mettre dans le mouvement du marché chaque nouvelle production dit assez bien ce qu’il est devenu et que, contrairement à ce qu’il répète comme un mantra, il ne résiste à rien du tout, mais participe sur une base de financement public à cette libéralisation de tout et de n’importe quoi ; au surplus, je pense qu’une telle affirmation n’aurait pas été aussi juste il y a vingt ans, ou qu’elle aurait alors appartenu aux choses qu’on pouvait redouter, et qui sont hélas advenues. Mais tu réponds aussi en opposant de fait l’idée du théâtre populaire (« que » du théâtre) à celle du théâtre public (« toutes les modes… toutes les tendances… ce qui passe »), c’est-à-dire en opposant ici populaire et public, deux qualificatifs qu’on avait longtemps voulu compatibles, et qui semblent bien ne plus l’être, puisque le NTP ne peut réellement se développer que hors de l’institution. On retrouve d’ailleurs là, appliquée à la chose théâtrale, cette idée d’une rupture fréquemment dénoncée entre le peuple et l’Etat (ou je ne sais quelles élites). Il se peut donc que le théâtre public soit amené bientôt à produire de moins en moins de théâtre, mais des spectacles vivants de plus en plus nomades et à la qualité de langue de plus en plus réduite, et que des entreprises plus spécifiquement théâtrales, à la fois différentes et comparables à la vôtre, soient amenées à voir le jour, et à s’ancrer localement. D’ailleurs, si l’on pousse un cran plus loin, on s’aperçoit que le NTP aujourd’hui fait appel aux dons de personnes privées pour acquérir la maison où il se produit à Fontaine-Guérin, et a donc recours, même dans une économie pauvre, à la sphère privée pour s’implanter localement, quand, au contraire, l’institution publique mise tout sur la rhétorique libérale du mouvement dans une espèce de fuite en avant où tout ce qui se fait de neuf est bien puisque neuf, etc…

Ce qui me fait un petit peu tiquer, et sur quoi je voudrais t’interroger plus avant, c’est l’idée de génération. Je reprends ce que tu dis : vous êtes de jeunes hommes et femmes s’arrogeant le droit, et c’est heureux, de relire les anciens. En quoi est-ce la naissance d’une génération ? En quoi cela se distingue-t-il d’un phénomène de bande, puisque l’idée de génération implique aussi celle d’un lien fort, filial, et souvent celle d’un partage concret (du plateau, par exemple) avec la génération précédente et, à terme, avec la génération suivante ? Je comprends bien que les choses se sont faites sur un constat quant au milieu et sur une impulsion fougueuse, nécessaire, mais le risque n’est-il pas de devenir une bande, une strate de plus dans un monde qui stratifie, essentiellement pour des raisons de consommation : le monde théâtral est plein de petites compagnies de gens du même âge, dans les unes des gens de cinquante ans font encore les jeunes premiers, dans les autres des gens de vingt-cinq jouent les barbons. Et de la même façon qu’on peine à représenter le monde en étant quatre ou cinq sur un plateau, peut-on représenter le monde quand tous ceux qui prennent part à la représentation ont le même âge, au risque que la représentation la plus juste des milieux et des âges ne soit de fait… dans le public ? Et encore une fois, je comprends bien que les choses initialement se distribuent de fait ainsi, mais je voudrais savoir comment le NTP, s’il l’envisage, envisage cet aspect.

LCP. Je ne rejette pas l’idée de partage entre les générations ! Il n’y a rien de plus puissant que de voir sur scène les trois âges réunis – père, fils et grand-père. Le NTP a déjà accueilli des acteurs plus âgés ou plus jeunes. Je pense au Diègue du Cid ou au Fléance de Macbeth. Pour l’avenir, il peut être réjouissant d’imaginer comment d’autres père, grands-pères et – bientôt – d’autres fils pourront continuer de grossir nos rangs.

En revanche, il est important de rappeler que la conception et la mise en œuvre du festival nous appartiennent. Nous sommes nés lors de l’effondrement du bloc communiste, nous n’avons connu que le capitalisme libéral et triomphant. Le premier événement marquant pour notre génération fut le 11 septembre (et le délire sécuritaire instauré depuis). Nous amorçons notre vie de femmes et d’hommes au moment où l’état de crise économique, écologique et politique est vécu comme un fait structurel. Plutôt que de remplir le tonneau sans fond comme les Danaïdes (et pour nous, cela signifierait de devenir uniquement les servants du système), nous avons décidé de rompre le cycle, de faire un « pas de côté ». Cette rupture pour revenir au plus près du réel (nous avons construit nous-mêmes notre plateau, et cela est à la fois concret et symbolique) révèle notre élan joyeux, optimiste, espérant. Le NTP est d’abord né, je crois, de notre irrépressible besoin d’espoir, quand tout autour de nous poussait à la résignation. Le répertoire proposé jusqu’ici reflète bien cette idée. Shakespeare, Hugo, Corneille, Brecht… Plutôt que Tchékhov, Ibsen (celui des pièces réalistes, de Solness ou des Piliers de la société…), voire Beckett. Il ne s’agit pas de hiérarchiser ces auteurs, mais de montrer que nous assumons notre désir de lyrisme et de théâtre épique.

PA. Restons avec les auteurs. Ce que je trouve intéressant dans le NTP, tel en tout cas qu’il se présente, c’est que les metteurs en scène, si nécessaires soient-ils, ne sont pas mis au premier plan ; cela rompt avec l’exercice dominant qui fait aujourd’hui d’eux dans le travail institutionnel et artistique, de remarquables exemples d’une personnalisation du pouvoir, et simultanément, du point de vue de la diffusion (faut que ça tourne) des marques, presque au sens industriel, et l’on va voir le dernier Machin comme on achète le dernier smartphone… Ici, non, on sent que ce sont les auteurs et le public qui vous intéressent, et au centre, en situation de servir et les uns et l’autre, mais au sens noble cette fois du verbe servir, les acteurs, et des acteurs capables de décisions collégiales, collectives et finalement politiques – c’est-à-dire aussi responsables et cohérentes. Ce qui est, je trouve, un retour aux fondamentaux de la chose théâtrale. Comme aussi, de façon très concrète, le fait d’installer votre plateau en plein air, l’été, « entre la forêt, l’église et le cimetière ». C’est une idée du théâtre comme fête, comme joie, assez éloignée du sinistre festivisme autoproclamé de l’époque. Maintenant, il me semble que tout en traçant cette ligne de partage non hiérarchique entre des auteurs qui seraient épiques et susceptibles de mobiliser un enthousiasme (pour aller vite) et d’autres qui le seraient moins, vous ayez, forts des rencontres et succès publics des quatre premières années, décidé d’ouvrir en 2013 votre programmation à des auteurs non pas moins célèbres, mais disons d’un accès, à juste titre ou pas, réputé plus difficile. Maeterlicnk, Brecht, Ovide.

LCP. Pour nous aussi, l’apprentissage de la démocratie est difficile… Habitués au fonctionnement autocratique (et je ne porte aucun jugement de valeur là-dessus) de nos compagnies respectives, il nous faut réapprendre à diriger ensemble : cela sonne presque comme un oxymore… Sans tomber dans la grosse gadouille pseudo-collective où finalement, il ne se passe plus rien. Le choix de jouer tel ou tel auteur se fait de façon collégiale et démocratique, comme toutes les décisions importantes qui régissent la vie de la troupe (arrivée d’un nouveau membre, approbation du budget annuel…). C’est peut-être ce qui pourra nous sauver du cynisme ambiant et nous éviter de tourner en rond. Une troupe d’acteurs, quand elle est vigilante, sait mieux éviter la routine et la complaisance qu’un metteur en scène seul avec son grand sceptre.

Ce choix de proposer des poètes moins connus est motivé, je crois, par notre peur de tomber dans la facilité. Nous sentons que le public du festival est enthousiaste et bienveillant – enthousiaste parce qu’il croit en la qualité de notre travail, bienveillant parce qu’il voit que essayons de faire trop avec trop peu de moyens (faire trop avec trop peu, cela définit bien notre travail). Nous voulons voir si ce même public nous suit quand nous prenons des risques. Mais prendre des risques ne signifie pas de se transformer tout à coup en apôtre du pessimisme théâtral (ce théâtre qui ne propose ni la vie ni la mort mais… rien). Tu parlais de fête. J’aime beaucoup cette image. Pour la continuer, peut-être essayons-nous simplement de changer le rythme de la musique – de la valse au tango, peut-être ?

Ce choix d’un répertoire plus moderne se fait aussi dans le plus pur héritage vilarien. Nous construisons une histoire avec notre public dans la durée (encore cette idée de permanence) et cela ne fonctionne que si nous restons fidèles à nous-mêmes et à nous désirs. Et nous désirions rappeler à notre public que ce répertoire réputé plus difficile, plus « sec » est dans la continuité des grands maîtres : Shakespeare, Hugo ou Corneille. Il y a aussi et surtout l’idée chère à Howard Barker que nous défendons : « Ce n’est pas mépriser le public que de lui proposer des œuvres complexes ». Nous croyons que Maeterlinck, Brecht et d’autres sont susceptibles de mobiliser les foules, parce qu’ils sont proposés dans le cadre d’un festival que le public connaît, avec des acteurs qu’il connaît. Nous agrandissons la famille, en quelque sorte.

Pour l’édition 2014, si elle voit le jour (et cela en prend le chemin, à la vue de la générosité des dons du public), deux projets sont à l’étude : Le Soulier de Satin de Paul Claudel, et une double tétralogie shakespearienne, De Richard II à Richard III. Nous voudrions, à l’occasion de ces œuvres fleuves, convoquer le public, comme l’Eglise pouvait le faire au Moyen-Age lors des représentations des mystères religieux. On consacrait alors une journée entière de son temps au théâtre. Je me souviens d’une interview de Maria Casarès où elle imaginait un spectacle répété pendant six mois et représenté une seule  fois. D’une certaine manière, nous lui répondons. Ces propositions sont la suite logique – aussi fou que cela puisse paraître – de notre aventure. Faire du théâtre autre chose qu’un objet de consommation culturelle, refaire de la représentation théâtrale une expérience qui marquera la vie des spectateurs.

Le site du NTP : http://festivalntp.com/

Pour soutenir le NTP : http://www.kisskissbankbank.com/nouveau-theatre-populaire–2

 

En 2013, le Nouveau Théâtre Populaire prend le taureau par les cornes ! Pour accompagner notre projet – ambitieux et plein d’espoir – de création d’un théâtre permanent à Fontaine-Guérin (en savoir plus), le site internet du Nouveau Théâtre Populaire fait peau neuve. Nous l’avons voulu plus clair et plus simple. Les menus sont désormais en haut de page et la réservation est accessible depuis n’importe quelle rubrique. Le blog du NTP fait également son apparition, où vous pourrez retrouver l’actualité des membres de la troupe quand ils ne jouent pas à Fontaine-Guérin !

Les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google+) sont intégrés au site pour rester informé de nos événements.

Et si vous désirez contribuer à la poursuite de cette aventure théâtrale commencée il y a cinq ans, la rubrique « Soutenir le NTP » vous livrera toutes les ressources pour comprendre notre démarche et connaître nos horizons. Avant, qui sait, de devenir mécène du Nouveau Théâtre Populaire !

Le festival Nouveau Théâtre Populaire revient pour une quatrième édition. Cette année, grâce à Shakespeare, Hugo, Feydeau, Singer, Gripari et Pessoa, le monde entier se donne rendez-vous à Fontaine-Guérin. Bons spectacles ! Bons rêves ! Bon théâtre !

MACBETH / SHAKESPEARE
les 13, 16, 19 et 22 août à 20h30 et le 25 à 20h [création]
TRAGÉDIE FANTASTIQUE
Le royaume d’Ecosse, grâce au général Macbeth, vient de remporter une série de batailles décisives contre les traîtres à la couronne. Grisé par ses succès militaires, fasciné par la mystérieuse prophétie des sorcières et poussé par sa femme, Macbeth va donner libre cours à sa colère et à son ambition – il lui faudra tout avoir.
Jamais le théâtre n’avait accouché d’un personnage qui incarnât le mal aussi absolument. Joyau noir et maudit, la pièce pose la question du
mal et de son origine. Un monstre sommeille-t-il en chacun de nous ?

RUY BLAS / HUGO
les 14, 17, 20 et 23 août à 20h30 et le 25 à 21h45 [création]
DRAME ROMANTIQUE
Le royaume d’Espagne en décadence. Déchu par la reine, un courtisan veut se venger en la faisant tomber amoureuse de son valet : dans ce but, il fait de celui-ci un ministre. Amoureux de la reine, le valet ne sait pas de quel piège il fait partie. Mais le maître ne sait pas quel ministre il vient de créer…
Le chef-d’œuvre d’Hugo unit une impitoyable analyse politique avec une éblouissante méditation sur l’identité ; et au-delà de toute réflexion, il donne à entendre les plus beaux vers d’amour jamais écrits par le poète.

TAILLEUR POUR DAMES / FEYDEAU
les 15, 18, 21 et 24 août à 20h30 [reprise]
VAUDEVILLE
Marié depuis 6 mois, le docteur Moulineaux vient de passer la nuit sur la banquette du hall de son immeuble (il a oublié ses clés). Il ’était rendu au Bal de l’Opéra dans l’espoir de conquérir le cœur de l’une de ses clientes, madame Aubin. Après s’être fait ouvrir la porte par son domestique Etienne, il est pincé par sa femme Yvonne… Dès lors, Moulineaux se lance dans une cascade de mensonges, de pirouettes et de dissimulations.
De retour sur le plateau de Fontaine-Guérin, les acteurs de la troupe habités par la langue démoniaque de Georges Feydeau vont s’en donner à cœur joie pour votre plus grand plaisir…

HISTOIRE DE LUSTUCRU / GRIPARI
les 16, 18, 20, 22 et 24 août à 11h [création]
ÉPOPÉE MINIATURE
L’épopée magique de Lustucru, héros de l’ombre, traversant les siècles et redéfinissant les fondements de notre civilisation. Déjeunant avec Jules César, défiant Clovis,sympathisant avec une sorcière… il entrera dans l’Histoire par un acte d’amour pour lequel aujourd’hui encore tout le monde connaît Lustucru… mais qui est-il ?
Après une lecture surprenante de ce conte lors de la dernière saison, l’envie commune – du public et du NTP – de créer un spectacle, s’est imposée. Aujourd’hui, forte du travail de plusieurs semaines, la même équipe – comédiens et musiciens – s’est réunie pour partager de nouveau avec vous cette délicieuse histoire…

UNE HISTOIRE DU PARADIS / SINGER
les 17, 19, 21, 23 et 25 août à 11h [création]
SAINTE COMÉDIE
Depuis l’enfance, on décrit au jeune Atzel le Paradis comme le seul lieu désirable, si bien qu’Atzel délaisse le monde et se fait passer pour mort aux yeux de tous. Le médecin de la famille use d’un stratagème pour lui faire croire qu’il est effectivement au Paradis.
Nous sommes alors au cœur d’un merveilleux simulacre, celui d’un paradis fantasmé, où il n’y a plus ni temps qui passe, ni danger ; un lieu où les premiers rêves se heurtent au monde avec douceur, humour et émerveillement.S’émerveiller comme un enfant, « jouer » comme un enfant, être au monde avec les yeux d’un enfant, voilà peut-être les choses essentielles pour faire du théâtre.
Parce que le théâtre surgit toujours là où ne l’attend pas, nous vous proposons un petit spectacle itinérant, pour se réunir ensemble autour d’un grand poème.

ODE MARITIME / PESSOA
les 15 et 18 août à 16h [surprise]
Entrée libre! D’autres dates et d’autres lieux à venir…
POÈME EN MUSIQUE
Seul, sur un quai désert, un homme se trouve face à l’immensité maritime. Bouleversé par la grandeur de ce spectacle, il plonge alors dans la plus profonde intimité de son être et laisse déborder son imagination.
Dans son poème le plus célèbre, Fernando Pessoa traverse la violence et la beauté de l’univers marin. Cette petite forme poétique et musicale vous invite à voyager au plus près des mots.

Histoire de Lustucru / GRIPARI

16, 18, 20, 22 et 24 août 2012 à 11h

DURÉE 40 minutes Inspirée des Contes de la rue Broca de Pierre Gripari MISE EN SCÈNE ET ADAPTATION Julien Romelard ADMINISTRATION, COMMUNICATION, INTENDANCE Lola Lucas DISTRIBUTION Joseph Fourez : Lustucru Morgane Nairaud: La Maîtresse, La Sorcière, Madame Michel Frédéric Jessua : Jules César, Vercingétorix, Clovis, Charles Martel, le Chat… Neven Lesage : Le Musicien Julien Romelard : Monsieur Pierre, le Narrateur MUSIQUE Hautbois baroque : Neven Lesage Percussion : Frédéric Jessua Guitare : Julien Romelard « La vérité, dit-on, sort de la bouche des petits enfants… Il n’y a pas de doute, il faut que je me renseigne” et nous voilà embarqué dans l’univers fantastique, émouvant et joyeux de monsieur Pierre, parce que ce petit enfant, c’est aussi lui-même. Son rêve, que nous partageons, côtoie l’Histoire et s’amuse à redéfinir les fondements de notre civilisation, de l’histoire de Jules César au Général de Gaule, nous suivons un héros de l’ombre immortel traversant les siècles et qui sera non pas reconnu pour ces actes héroïques mais pour un acte d’amour qui fait qu’aujourd’hui encore tout le monde connaît Lustucru, même avec ce délicieux nom si ridicule. Oui tout le monde le connaît… mais qui est-il ? La liberté de jeu dans l’écriture est pour moi l’élément primordial de ce conte. C’est pourquoi l’espace scénique – qui est aussi bien sur scène que dans le public – est conçu simplement, afin de donner un maximum de liberté et d’inventivité aux acteurs et musiciens. Le texte devient alors prétexte à partager un moment sensible et surprenant ou nous avons l’impression que l’histoire se construit avec et pour le public, qu’il soit jeune ou plus expérimenté. A la manière des Artisans du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, les comédiens prennent la parole, redécouvre le théâtre, la joie et la sincérité de créer dans une émotion crue, à fleur de peau. C’est donc avec une sensibilité d’orfèvre que nous travaillerons à rendre cette aventure saisissante, libre, actuelle, naïve, vivante, interactive et chantante… Après une lecture surprenante de ce conte lors de la dernière saison, l’envie commune – du public et du NTP – de créer un spectacle, s’est imposée. Aujourd’hui, forte du travail de plusieurs semaines, la même équipe – comédiens et musiciens – s’est réunie pour partager de nouveau avec vous cette délicieuse histoire… Julien Romelard

MACBETH / Shakespeare

13, 16, 19 et 22 août 2012 à 20h30 et 25 à 20h

DURÉE : 1h50 MISE EN SCÈNE Léo Cohen-Paperman RÉGIE Emilien Diard-Detœuf DÉCOR COMMUN Antoine Philippot ADMINISTRATION, COMMUNICATION, INTENDANCE Lola Lucas , Frédéric Jessua DISTRIBUTION Frédéric Jessua : Duncan, roi d’Ecosse et Seton Julien Campani : Malcolm, fils ainé de Duncan Sacha Todorov : Donalbain, fils cadet de Duncanet un Messager Antoine Philippot : Macbeth, général Valentin Boraud : Banquo, général et le jeune Siward Clovis Fouin : Macduff et le Capitaine Claire Sermonne : Lady Macduff Pauline Bolcatto : Lady Macbeth Sophie Guibard : La femme étrange Morgane Nairaud : Un Meurtrier Lazare Herson-Macarel : Un Meurtrier et le Médecin Julien Romelard : Lennox, jeune seigneur écossais Les enfants : Louis Delaunay – Fléance, fils de Banquo Mathis Gachet – Le fils Macduff Le royaume d’Ecosse, grâce au général Macbeth, vient de remporter une série de batailles décisives contre les traîtres à la couronne. Grisé par ses succès militaires, fasciné par la mystérieuse prophétie des sorcières et poussé par sa femme, Macbeth va donner libre cours à sa colère et à son ambition… Macbeth, c’est l’histoire de celui qui, croyant connaître l’avenir, va tout détruire : sa famille d’élection (il va tuer son roi et son plus fidèle ami), sa patrie (il va régner en tyran sur l’Ecosse) et son bonheur conjugal (sa femme, dévorée par la culpabilité, va se suicider). Jamais le théâtre n’avait accouché d’un homme qui représentât le Mal aussi absolument que Macbeth. C’est donc une histoire du Mal qu’il nous faut raconter. La force de la pièce réside, à mon sens,dans le renversement de la figure de Macbeth : au début de la pièce, il est le sauveur de sa patrie ; à la fin, il en est le bourreau. Nous ferons donc du « héros » Macbeth un homme sympathique et naïf en racontant au début du spectacle son passé : sa solitude, ses succès, la rencontre avec Lady Macbeth, la mort de leur enfant. Je voudrais que le spectateur demande : comment a-t-il pu en arriver là ? Macbeth, c’est vous, c’est moi. Le mal ne s’explique pas, c’est une possibilité. A la fin de la pièce, le peuple ouvre une nouvelle ère. En montrant ces femmes et ces hommes découvrir un monde en ruine, j’ai voulu, à mon humble mesure, parler de ma génération et de ses inquiétudes. Héritiers d’un monde qui chancelle, plongés dans un océan de doutes, notre espérance ose à peine dire son nom. Léo Cohen-Paperman

tailleur pour dames / Feydeau

Les 15, 18, 21 et 24 août 2012 à 20h30

DURÉE : 1h25 MISE EN SCÈNE, DÉCORS ET LUMIÈRES Frédéric Jessua COLLABORATION ARTISTIQUE Sophie Guibard EXTRAIT MUSICAL Timber Timbre « Lay Down in Tall Grass » ADMINISTRATION, COMMUNICATION, INTENDANCE Lola Lucas DISTRIBUTION Lazare Herson-Macarel : Moulineaux Emilien Diard-Detœuf : Bassinet Joseph Fourez : Aubin Morgane Nairaud : Suzanne Julien Campani : Madame Aigreville Claire Sermonne : Yvonne Julien Romelard : Etienne Valentin Boraud : Madame d’Herblay Pauline Bolcatto : Rosa Sophie Guibard : Pomponnette Kiki : un chien Comédie en 3 actes, représentée pour la première fois au Théâtre de la Renaissance à Paris le 17 décembre 1886. Pour cacher un début de liaison, le docteur Moulineaux se lance dans une cascade de mensonges, de pirouettes et de dissimulations face à sa femme, sa belle-mère, le mari de sa maîtresse, l’amante de celui-ci qui fut jadis celle de Moulineaux… Composée par l’auteur à l’âge de 24 ans, Tailleur pour Dames est sa première pièce en trois actes et son premier triomphe. Mettre en scène les tribulations de ce médecin, menteur comme un arracheur de dents, oblige les acteurs et le metteur en scène à se plier à une rigueur sans jamais oublier la fantaisie. Je me suis attelé à respecter la mécanique textuelle et scénique imposée par Feydeau et à travailler sur ce jeu que je qualifie de « concret » consistant à éprouver (sans distance bien sûr) toutes les situations aussi rocambolesques qu’elles puissent être. De ce travail minutieux et fougueux surgira, le rire, la folie et bien sûr, nous l’espérons tous, un savoureux moment de théâtre… Frédéric Jessua

RUY BLAS / VICTOR HUGO

Les 14, 17, 20 et 23 août 2012 à 20h30 et le 25 à 21h45

DURÉE : 2h05 MISE EN SCÈNE Sacha Todorov ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Julien Romelard ADMINISTRATION, COMMUNICATION, INTENDANCE Frédéric Jessua, Lola Lucas DISTRIBUTION Pauline Bolcatto : Lavandière, page, Covadenga, Alcade Valentin Boraud : Alguazil, huissier, Camporeal, muet, duègne Léo Cohen-Paperman : Alguazil, marquis de Sant-Cruz, duègne, Montazgo, muet Emilien Diard-Detœuf : Don Salluste Clovis Fouin : Alguazil, marquis del Basto, duchesse d’Albuquerque, don Manuel Arias, laquais Joseph Fourez : Ruy Blas Sophie Guibard : Comte d’Albe, Casilda, Priego, page, alguazil Lazare Herson-Macarel : Don César Morgane Nairaud : Doña Maria de Neubourg Antoine Philippot : Gudiel, Guritan, Ubilla L’histoire est devenue mythique : un serviteur, Ruy Blas, est amoureux de la reine. Quand son maître Salluste le déguise en ministre et le charge de séduire cette femme, Ruy Blas ne soupçonne pas le plan infernal dont il fait partie ; mais Salluste ne soupçonne pas le ministre qu’il vient de créer. Courtisans qui se servent du pouvoir à des fins personnelles, société malade d’être dominée par un groupe sans morale, monde où la naissance a plus d’importance que le mérite : l’évidente charge politique que porte Ruy Blas justifierait à elle seule de continuer à jouer la pièce aujourd’hui. Mais sa dimension politique va au-delà de cette simple dénonciation : c’est un acte de don au public. Offrir « Tout à tous », telle était la devise d’Hugo ; transformer toutes les choses en poème pour mieux pouvoir les partager, parce que le poème réalise ce miracle de nous faire voir le monde où nous sommes plongés. C’est la seule véritable richesse, celle que les laquais possèdent autant que les rois, celle qui ne s’épuise pas de se partager : cet enrichissement de la vision du monde, cette musique de mots qui transfigure le réel, cette libération de l’angoisse grâce à sa reconnaissance. C’était, plus particulièrement, le but qu’il assignait à son théâtre, en ce que le théâtre est le lieu du partage et du rassemblement ; c’est, pour les mêmes raisons, l’ambition du Nouveau Théâtre Populaire. En l’occurrence, que veut-on offrir ? Une fable politique, donc ; mais aussi une histoire d’amour ; plus encore un drame existentiel, qui met en lumière le hasard d’être tel homme ou tel autre. Et pour donner en partage ce poème qui d’un même mouvement affirme et démontre que la seule richesse est celle de l’âme, on ne saurait rêver meilleur endroit que ce plateau de bois… Sacha Todorov

ode maritime / Pessoa

Les 15 et 18 août 2012 à 16h

CONCEPTION ET JEU Valentin Boraud ACCOMPAGNEMENT HAUTBOIS BAROQUE Neven Lesage ADMINISTRATION, COMMUNICATION, INTENDANCE Lola Lucas, Frédéric Jessua Seul, sur un quai désert, un homme se trouve face à l’immensité maritime. Bouleversé par la grandeur de ce spectacle, il plonge alors dans la plus profonde intimité de son être et laisse déborder son imagination. A partir de cette simple situation, Alvaro de Campos (Ingénieur, hétéronyme de Fernando Pessoa créé en 1914) entraine le lecteur dans un long poème où l’imagination de cet être traverse les plus belles représentations de l’océan, comme les plus angoissantes. Mon envie est simple : transformer le texte en parole et le lecteur en spectateur. Le but est de faire partager, grâce à un corps et un instrument de musique une sensation, une image poétique, une représentation de l’œuvre de Pessoa. Pour cela, nul besoin de décor, de salle de théâtre, d’éclairage étudié ; seulement un acteur et un musicien, vêtus de noir. Parfois ils confrontent leur art, parfois ils les assemblent. L’acteur devient alors le seul porte-parole de l’oeuvre, la musique sa muse. Valentin Boraud