Falstafe / Novarina
TEXTE Valère Novarina, d’après William Shakespeare
ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE Lazare Herson-Macarel
ACCOMPAGNEMENT VOCAL Antoine Philippot
CONSEIL PERCUSSIONS Baptiste Chabauty
SCÉNOGRAPHIE ET COSTUMES Alice Duchange
LUMIÈRE Jérémie Papin
RÉGIE GÉNÉRALE Thomas Chrétien
STAGIAIRE MISE EN SCÈNE Isham Conrath
ADMINISTRATION/PRODUCITON Lola Lucas
PRODUCTION/DIFFUSION Caroline Namer
PRODUCTION Compagnie de la jeunesse aimable.
CO-PRODUCTION Nouveau Théâtre Populaire (NTP), Théâtre Sorano – Jules Julien de Toulouse et NTA, CDN d’Angers. Avec l’aide à la création de la Région Pays-de-la-Loire et le soutien de la Région Ile-de-France. Avec la participation du Jeune Théâtre National. En résidence de création au Théâtre Paris Villette.
Spectacle créé au Festival In d’Avignon du 6 au 11 juillet 2014.
DISTRIBUTION
Joseph Fourez : Falstafe
Julien Romelard : Le Prince / Percy
Sophie Guibard : Pistole / Worcester
Philippe Canales : Le Roi
Morgane Nairaud : L’Hôtesse
Spectacle en itinérance :
- Samedi 26 juillet à 20h30 à Charcé-Saint-Ellier-sur-Aubance (Le Présbytère)
- Vendredi 1er août à 20h30 à Saint-Rémy-la-Varenne (Le Prieuré)
- Samedi 2 août à 20h30 à La Ménitré (La Couette)
- Vendredi 15 août à 16h à Beaufort-en-Vallée (La Chapelle)
- Samedi 16 août à 16h à Mazé (Le Méteil)
- Dimanche 17 août à 16h à Brion (Le Moulin de la Rivière – Peggy Paint Ranch)
- Vendredi 22 août à 16h à Ambillou-Château (Troglo-Rêve : 3 rue des Mazières)
- Samedi 23 août à 16h à Chaudefonds-sur-Layon (Lieu-dit Saint Charles)
- Dimanche 24 août à 16h à Baugé (Les Grands Moulins : 2 rue de la Fontaine).
Pour la première fois de son histoire, le Nouveau Théâtre Populaire joue l’œuvre d’un auteur vivant ! Partant de la pièce Henri IV, de Shakespeare, le jeune Valère Novarina nous offre un poème comique foisonnant et libérateur, au centre duquel est la figure de Falstafe : légendaire soldat obèse et fanfaron, âme damnée du jeune Prince Henry, et ardent défenseur du Vice sous toutes ses formes. L’aventure des représentations en itinérance, initiée l’année dernière avec Othello, se poursuit de façon festive : des lieux atypiques, cinq acteurs déchaînés, et un poète témoignant avec force de l’éternelle vitalité de notre langue. Le spectacle peut commencer !
Les chroniques rapportent qu’en 1600, les premières représentations d’Henri V furent interrompues par les cris du public réclamant : «Falstafe ! Falstafe !». Le public du Globe avait soif de retrouver sa nouvelle idole : le gros Falstafe – l’ivrogne, le menteur, l’irresponsable – qui résume à lui seul tous les vices de l’humanité. Pourquoi ce désir ? Le public avait compris, ce grand enfant : Falstafe, c’est le théâtre ! C’est une connaissance plus ancienne et plus profonde que celle qui est renfermée dans les livres, une sagesse située bien au-delà, ou en deçà, du Bien et du Mal. C’est l’incarnation du Gai Savoir. C’est la connaissance essentielle qui fait le désir de Faust. C’est cette connaissance dont personne n’est exclu, qui est permise à toutes les âmes intactes. C’est un certain art de vaincre la mort en la jouant. Ce plaisir essentiel du théâtre – universel, inné, unique, nécessaire et consolant – me semble une raison suffisante pour monter Falstafe.
D’autre part, Falstafe est l’oeuvre d’un poète vivant. Réécrivant Henry IV, Novarina nous livre une grande œuvre de langue française, de celles qui n’utilisent pas la langue ; mais l’explorent, l’éprouvent, l’abîment, l’abyment, l’étendent et l’inventent. Cette langue instinctive et prolixe nous demande de remonter aux origines de notre vocation d’acteur afin de tendre un miroir au public, et de rendre hommage à sa profonde sagesse : vivre suffit.
Enfin, Falstafe est le récit d’un parcours initiatique, avec ses choix, ses renoncements, ses victoires sur soi-même. Notre spectateur s’identifiera à coup sûr au jeune Prince. Le futur Henry V, tiraillé entre Falstafe et Bolingbroke, entre un père joyeux et un père déçu, remet toujours l’âge adulte au lendemain. C’est la figure mythique du Cancre – il en a l’insouciance, le sens du rythme, l’amour des petites choses, la haine de l’ennui. C’est à ceux-là que je voudrais adresser la mise en scène de Falstafe. C’est avec eux que je voudrais explorer l’improbable, l’inhabitude, l’interdit. Comme l’écrit souvent Novarina, il s’agit pour les acteurs de s’émerveiller ensemble d’être des animaux parlants, et de «sortir d’homme.» Il sera bien temps, plus tard, au terme de la pièce comme au terme de l’enfance, d’endosser son lourd costume d’adulte.
Je rêve les représentations de Falstafe comme une fête – une vraie fête, avec son banquet, ses guirlandes de lumière et son orchestre improvisé. Un espace et un temps entièrement dévolus à la transgression des conventions admises, à la folie. Une fête qui aurait la même puissance symbolique, la même force de bouleversement spirituel qu’un jour de Carnaval – quand les mendiants s’habillent en rois et les rois en mendiants, et que pour une heure enfin les derniers sont les premiers.
Lazare Herson-Macarel