Les Jeunes Filles du Bon Pasteur

Les Jeunes Filles du Bon Pasteur

Les Jeunes Filles du Bon Pasteur ou les sacrées nanas /

Récits d’hier à aujourd’hui

 

 13, 16, 19, 20, 23, 27 août 2025 À 20h30

 

DURÉE 2H

CONCEPTION ET MISE EN SCÈNE Margaux Eskenazi, metteuse en scène invitée de la compagnie Nova
ÉCRITURE Margaux Eskenazi d’après les improvisations de l’équipe d’interprètes
DRAMATURGIE Lazare Herson-Macarel
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Cordélia Monge
CONSEILLER HISTORIQUE David Niget
COMPOSITION SONORE Teresa Silveira Machado
RÉGIE GÉNÉRALE Marco Benigno et Lucas Soudi
COSTUMES Zoé Lenglare et Manon Naudet
ADMINISTRATION ET PRODUCTION Lola Lucas assistée de Marie Mouillard
CHARGÉE DES ACTIONS SUR LE TERRITOIRE Mathilde Chêne

REMERCIEMENTS Evelyne Le Bris, Marie-Christine Vennat et l’association des jeunes filles du Bon Pasteur

DISTRIBUTION

Leslie Bouchet, Lazare Herson-MacarelElsa Grzeszczak, Kenza Laala, Julien Romelard, Teresa Silveira Machado

 

MARGAUX ESKENAZI – Qu’attendez-vous de ce spectacle ?

MARIE-CHRISTINE, ANCIENNE DU BON PASTEUR – Qu’il soit vivant. 

Extrait d’un entretien réalisé à Fontaine-Guérin, août 2024

 

Tout part d’un documentaire : « Mauvaises filles », réalisé par Emerance Dubas en 2022 que j’avais vu à sa sortie. Lorsque le Nouveau Théâtre Populaire m’a proposé de mettre en scène un spectacle pour l’édition 2025, j’y ai repensé immédiatement. Il rejoint mes préoccupations d’allier l’histoire contemporaine et sa transposition théâtrale. Ce film retrace le parcours de plusieurs anciennes pensionnaires de la Congrégation du Bon Pasteur. Le Bon Pasteur est une institution religieuse dont la maison mère est à Angers, fondée en 1835. On comptait en 1955, 43 maisons du Bon Pasteur dans toute la France. Elles accueillaient, jusque dans les années 80, des jeunes filles placées par le juge des affaires familiales ou par leurs parents eux-mêmes. Des filles-fugueuses, filles-violées, filles-mère, filles-aguicheuse, filles-turbulente. Au moment de leur entrée dans l’institution, elles avaient en moyenne 14 ans et y restaient jusqu’à leur majorité ou s’enfuyaient pour celles qui y réussissaient. La mission de la congrégation était de les « ré-éduquer». À coup de châtiments corporels, de travail forcé, d’humiliations collectives, de mise au mitard, de privations et de violences physiques, témoignent les filles aujourd’hui. En prières et en études arguent les bonnes sœurs. Violence systémique pour les unes, cas isolés pour la Congrégation. 

Aujourd’hui, plus de 50 ans après avoir été placées, les anciennes pensionnaires dénoncent ces abus et réclament réparation. Elles se sont constituées en association, montent un dossier en justice depuis plusieurs années avec des avocats à la cour, demandent une audience au Pape et attendent l’ouverture de leur procès contre l’Eglise et contre l’Etat. Après le temps du silence vient celui de la parole libérée. Longtemps restées muettes, ces ex-pensionnaires militent pour la reconnaissance de leur préjudice.

Nous traverserons dans ce spectacle le travail mémoriel entamé par ces femmes, leur reconstruction après une amnésie traumatique de plusieurs dizaines d’années et le combat qui est le leur aujourd’hui pour une récupération de leur honneur devant la justice française. 

À la frontière d’un théâtre documenté et d’un théâtre de la fiction, je déploie une conception des spectacles en deux temps : un temps d’enquête de plusieurs mois à partir duquel le théâtre se tisse et s’invente. Les histoires que nous racontons au plateau puisent leur source dans le réel lui-même.  

Grâce à la rencontre des anciennes pensionnaires et des chercheur.se.s travaillant sur ces questions à l’Université d’Angers, il s’agit sur le plateau de faire revivre les mémoires d’un territoire, celui du Maine-et-Loire, et les mémoires intimes d’Evelyne, Marie-Christine, Luce ou Albertine. Chaque récit porte en lui tous les autres. 

Entre les questions judiciaires, abordant le traitement de la justice des filles mineures différents de celui des garçons, les questions féministes de violence de femmes envers des femmes et les questions sociologiques, sur le profil des filles envoyées au Bon Pasteur, nous composerons un spectacle protéiforme et singulier qui va naître de ces paroles recueillies. 

Il y aura également au plateau une musicienne-chanteuse pour travailler à la composition musicale et la transposition émotionnelle de ces récits. 

Nous naviguerons entre la parole du réel, la parole poétique et littéraire ainsi que des trames fictionnelles qui naîtront d’improvisation avec les interprètes au plateau. 

 

Margaux Eskenazi 

Novembre 2024

COMPAGNIE NOVA

La Compagnie Nova voit le jour en 2007 aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Elle est dirigée par Margaux Eskenazi. Chaque spectacle n’est qu’une réponse différente au même sujet – les mémoires et les identités françaises – et travaillé selon les mêmes principes :

  • La fabrication : une longue enquête de terrain, des récits, des témoignages
  • L’écriture réunissant trois piliers fondamentaux : l’intime, le politique et le poétique
  • L’équipe : sensiblement la même équipe artistique et d’acteurs.rices depuis le début. Projet de rassembler sur le long terme des équipes animées par une même conviction.
  • Une philosophie : penser les territoires, les récits, les mémoires invisibilisées et silencieuses

Ce travail artistique s’accompagne d’un travail d’implantation et d’actions sur le territoire, notamment en Seine-Saint-Denis où de nombreuses actions sont menées : mise en place d’une école du spectateur, temps de répétitions ouvertes, ateliers en établissements scolaires, ateliers de récit, spectacles en itinérance…
Le projet de la Compagnie Nova, à la fois dans ses actions culturelles, son travail sur le territoire et son projet artistique est de mettre au plateau les polyphonies de la mémoire composant la créolité de nos identités françaises. Le projet culturel et le projet artistique sont intimement liés.



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