27 Jan L’Echange
l’échange /
paul claudel
14, 17, 20, 23 et 26 août à 20h30
MISE EN SCÈNE Pauline Bolcatto
COSTUMES Manon Naudet et Zoé Lenglare
RÉGIE GÉNÉRALE Thomas Chrétien et Marco Benigno
ADMINISTRATION ET PRODUCTION Lola Lucas assistée de Hugo Réauté
DISTRIBUTION
Baptiste Chabauty, Elsa Grzeszczak, Ayoub Kallouchi, Morgane Nairaud
SYNOPSIS
L’Amérique, au temps des pionniers. Louis Laine est marié à Marthe, mais sa rencontre avec Lechy, une actrice de la ville, le bouleverse. Le mari de Lechy va alors proposer à Laine un étrange marché…
L’Échange est l’histoire d’un chassé-croisé amoureux qui nous décrit la force et la beauté de la nature comme preuve du miracle de l’existence. Cette grande œuvre tragique témoigne de la nécessité de nos pulsions charnelles. L’espace théâtral devient irrémédiablement une arène où s’opposent des personnages archétypaux et leurs contradictions les plus intimes. La mise en scène prendra la liberté d’insérer au spectacle d’autres textes, composant ainsi un dialogue rêvé entre l’époque de Claudel et la nôtre…
note de mise en scène
Lorsque nous décrivons le Nouveau Théâtre Populaire, nous disons souvent : ce sont de grands poèmes dramatiques déclamés dans un jardin, entre un cimetière, un clocher, une forêt et le ciel étoilé. Ce décor initial offre aux spectacles une double relation avec le public : métaphysique et intime. C’est précisément ce qui me touche dans les pièces de Claudel : l’écriture porte tout à la fois un élan et une quête. Si cela confère à la pièce un caractère lyrique, il s’agit moins ici d’une question de pure esthétique pour Claudel, que d’une relation concrète au monde ; il s’agit moins de forme que de fond. La preuve du miracle de l’existence passe par la description du monde vivant – qu’elle soit environnante ou en soi-même.
Claudel entretient dans la poésie de ses textes un rapport subversif à la langue. Son vers libre, propose par sa respiration, par son rythme, et son propos, une expérience qui ne cesse de nous rappeler à nos pulsions charnelles. Cette écriture est très singulière pour les acteurs, elle leur demande la puissance de dialoguer de tout leur corps avec les grands espaces, tout en se connectant à leur part la plus profonde. Paul Claudel fait aussi œuvre de bien des remises en question sur le plan littéraire. Il déconstruit par exemple le mythe de la « clarté française », rejette le fétichisme de la langue écrite et vide de son sens la notion de faute grammaticale en se permettant bien des libertés sur ce plan dans ses dialogues. Il récuse par-là tout le purisme académique mondain pour développer la subversion de sa langue poétique.
Il est souvent passionnant de travailler des œuvres avec lesquelles on entretient une forte relation, c’est pour moi le cas de L’Échange. En proposant cette pièce aujourd’hui, je ressens la nécessité de dialoguer avec l’œuvre par le biais de la mise en scène. Parfois avec le besoin de rendre justice à son auteur, parfois avec celui de répondre à ses idées d’un autre temps : de les déconstruire. Je trouvais passionnant de devoir prendre position vis-à-vis d’un texte et de son époque ; et il ne me semblait cependant ni juste, ni intéressant de simplement enlever toutes les parties de texte qui me dérangeaient. Je ne voulais pas nier toute histoire et toute mémoire, mais au contraire travailler avec elle. Nous avons donc décidé d’écrire quatre tableaux ou monologues intérieurs qui viennent interrompre la fable et raconter le bouleversement de chaque protagoniste. Ces textes additionnels forment un montage composé à partir de nos recherches liées à l’œuvre. Ils viennent s’insérer à la fable et mettre en lumière certains aspects des personnages inventés par l’auteur. Ils viennent aussi prendre des libertés de positionnement vis-à-vis du texte claudélien, et partager notre questionnement : qu’est-ce que l’on garde, et qu’est-ce que l’on ne garde pas de notre histoire ?
Pauline Bolcatto
L’AUTEUR
Paul Claudel est écrivain, diplomate français et membre de l’Académie française. Il est né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère, d’une famille de petite bourgeoisie. Sa vie fut influencée par deux grands choc poétiques et mystiques : la découverte de Rimbaud, et la révélation de sa foi catholique en 1886. Sorti premier au concours des Affaires étrangères en 1893, il entame une carrière diplomatique qui lui permettra de découvrir la diversité des cultures du monde, ce qui a eu une grande influence sur son œuvre. Il écrit la première version de L’Echange en 1894 alors qu’il est vice-consul à New York. Il a écrit 22 pièces de théâtre, 21 essais, 14 recueils de poésie, et une abondante correspondance.
Crédit photo : Thierry Cantalupo