24 Déc Des Châteaux qui brûlent
des châteaux qui brûlent / bertina
18, 21, 24, 27, 30 août, 20h30
Rencontre avec Arno Bertina
24 août, 18h
D’après le roman Des châteaux qui brûlent d’Arno Bertina (Éditions Gallimard)
ADAPTATION Julien Campani et Arno Bertina
MISE EN SCÈNE Julien Campani
COLLABORATION ARTISTIQUE Sacha Todorov
COSTUMES Zoé Lenglare et Manon Naudet
CHOREGRAPHIE Georgia Ives
CONSTRUCTION TETE DE POULET Jean-Robert Lefebvre
RÉGIE GÉNÉRALE Thomas Chrétien
ADMINISTRATION ET PRODUCTION Lola Lucas assistée de Léonie Lenain
DISTRIBUTION
Pauline Bolcatto : Vanessa Perlotta, salariée au conditionnement / La journaliste
Valentin Boraud : Cyril Bernet, salarié à l’étourdissement
Hélène Bressiant : Sylvie, salariée à l’équarrissage
Baptiste Chabauty : Hamed, salarié au conditionnement / Marc Galuzeau, conseiller du Préfet
Céline Chéenne : Fatoumata Diarra, salariée au conditionnement
Emilien Diard-Detœuf : « Pin-Pon », salariée à l’étourdissement / Le Préfet
Clovis Fouin : Pascal Montville, secrétaire d’Etat à l’Industrie
Joseph Fourez : Gérard Malescese, salarié au transport
Sophie Guibard : Céline Aberkane, conseillère de Montville / Myriam, salariée au condtionnement
Frédéric Jessua : Hervé, salarié à l’équarrissage
Antoine Philippot : Witeck Grocholski, salarié au transport / Christian-Marie Perrier
Sacha Todorov : Don Quichotte, personnage de roman
Charlotte Van Bervesselès : Ouria, salariée à l’étourdissement / Kimberley, salariée
interview bande-annonce
SynopSiS
La scène est en France, à l’Ouest, aux alentours de 2015. C’est une fiction : les salariés d’un abattoir de volailles placé en liquidation judiciaire séquestrent pendant plusieurs jours le Secrétaire d’Etat à l’Industrie, Pascal Montville (socialiste et partisan de la décroissance).
Arno Bertina et moi allons démonter son roman, Des châteaux qui brûlent, et bricoler une pièce pour treize acteurs – pour chacun d’entre eux, et pour notre plateau.
pourquoi cette pièce au ntp ?
Pour questionner poétiquement le Politique – de manière intime et globale.
Intime, parce que l’œuvre raconte les heurts et bonheurs d’une assemblée sans chef : celle qui s’invente au sein de l’abattoir une fois le ministre séquestré. C’est l’occasion pour le NTP de jouer avec ses idéaux de démocratie directe et d’art populaire, d’en débattre, et de sortir de soi – une troupe de théâtre c’est pas comme une usine.
Globale, parce que le pays – le monde – entier est secoué par les violences sociale, politique, financière. Poser la question de ces violences sur un plateau de théâtre, c’est, d’abord, l’occasion de sortir de la temporalité de l’actualité pour se plonger dans celle du présent. C’est prendre le temps de voir, et d’entendre. Autre vitesse, autre lenteur. Les acteurs sont là pour ça. Incarner des femmes et des hommes dans toutes leurs contradictions. Faire chanter les voix que l’Histoire n’entend pas. Aimer la colère ; celle de l’Autre comme la sienne. Croire à l’intelligence collective. Laisser agir ou surgir nos métamorphoses.
Et mettre en scène un homme d’Etat pour lui faire partager la vie d’une insurrection populaire, c’est aussi, au sein de l’étrange espace démocratique qu’est le théâtre, prendre le temps d’incarner des questions qu’un bulletin de vote ou une chaîne d’information ne sauraient faire résonner durablement – ni même, si j’ose dire (mais voilà, c’est tout l’enjeu) : joyeusement.
note du metteur en Scène
Le théâtre est là pour nous mettre en grande santé. Celle qui, comme le dit Nietzsche, « intègre la maladie ».
On donnera à voir et à sentir des êtres régénérés par un conflit politique. Comment la peur (qui paralyse) devient du trac (qui mobilise). Comment on passe de la réaction à l’action, pour le pire et le meilleur ? C’est ça qu’on racontera. En représentant une pensée collective en acte.
La parole sera le cœur du spectacle. Parler, écouter et voir comment chaque solitude peut se libérer en en rencontrant une autre ; comment les différences peuvent ne pas se dissoudre dans une pensée unique mais au contraire, comment ça crée du mouvement, parfois, le simple fait d’être ensemble et de dialoguer enfin, dans la durée.
Parler – jusqu’au chant. On ne cherchera jamais un ordre didactique mais un chaos poétique qui donnerait à entendre une musique commune, une sorte de basse continue sur laquelle chacun pourrait accoucher d’une mélodie.
L’abattoir sera notre théâtre du monde. Les lames, le sang, les poulets. « Spectateurs, soyez les bienvenus dans le corps de Dionysos.»
Il y aura une poule, il y aura Don Quichotte (le vrai), il y aura des discours et des dialogues de couloirs, il y aura de la musique et il y aura de la danse.
Pour une tragédie chorale en route vers le carnaval. Parce que retirer sa blouse d’abattoir ou sa cravate de ministre c’est enfiler un autre costume : celui de son propre corps, déplacé, bouleversé, étonnant – ce corps qu’on n’attendait pas, qu’on n’attendait plus – pour le pire ou pour le meilleur.
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L’auteur : Arno Bertina
Né en 1975, il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. « Les romans et récits d’Arno Bertina mettent en jeu l’identité des formes et des êtres, interrogeant, à travers leurs métamorphoses, la labilité des signes, la dualité des origines et le nécessaire déchirement du sujet au contact du monde. Qu’il soit porteur des séquelles de l’Histoire ou des possibles d’un présent facétieux, le personnage au centre de ces narrations dit son désir de liberté d’une voix empêchée, dédoublée ou encore chahutée par des discours autres. » (Arno Bertina, Classiques Garnier).
Il a écrit deux textes pour le théâtre : La Relève des dieux par les pitres (par Agnès Sourdillon, Avignon Sujets à vif 2009), et Le Dernier Cash (par Julien Campani, Maison de la Poésie 2016 et tournée).
Des châteaux qui brûlent est publié chez Verticales (Gallimard) en août 2017.
Crédit photo : Thierry Cantalupo